Quand les trans gagnent en sport

Les candidats républicains trouvent dans les personnes transgenres le dernier "sujet de discorde".

Les observateurs politiques affirment que les candidats républicains utilisent les personnes transgenres comme un sujet de discorde classique" alors que les campagnes de 2022 se réchauffent.
Le Dr Mehmet Oz se penche pour demander à une petite fille : "Tu te souviens quand tes parents pensaient que tu étais un garçon ?".
La question n'était que quelques secondes d'un épisode complet de 2010 du Dr. Oz Show" qui se concentrait sur l'expérience de l'éducation des enfants transgenres. Mais le clip apparaît maintenant dans une annonce d'attaque diffusée par un super PAC soutenant l'un de ses adversaires républicains dans la course très serrée et à fort enjeu pour le Sénat américain en Pennsylvanie.
Une autre publicité de campagne, celle de la candidate républicaine au Sénat des États-Unis, Vicky Hartzler, dans le Missouri, vise les personnes transgenres dans le sport. Elle fait référence à une athlète de la NCAA - la nageuse Lia Thomas, championne de l'Ivy League de l'Université de Pennsylvanie - par son nom d'emprunt et déclare que les sports féminins sont pour les femmes, pas pour les hommes qui prétendent être des femmes".
Et mercredi, le républicain texan Greg Abbott, en course pour sa réélection, a ordonné à l'agence de protection de l'enfance de l'État d'enquêter sur les rapports de soins de confirmation du genre pour les enfants comme étant des abus.
La dérision et le dénigrement des personnes transgenres, et même de ceux qui sont perçus comme leurs alliés, prolifèrent sur les ondes et dans les maisons d'État de tout le pays, alors que les campagnes électorales de 2022 se réchauffent. Selon les observateurs politiques, il s'agit d'une stratégie classique consistant à trouver un "sujet de discorde" qui motive une base politique.
Ils se servent simplement du fait que la plupart des Américains ordinaires ne savent pas encore qu'ils connaissent quelqu'un qui est transgenre", a déclaré Rodrigo Heng-Lehtinen, directeur exécutif du National Center for Transgender Equality. Il est facile de tomber dans un mythe sur un groupe de personnes que l'on ne connaît pas, et c'est tout simplement humain... C'est juste vraiment malheureux de voir maintenant un groupe de politiciens essayer d'utiliser cela à leur propre avantage."
Les républicains l'utilisent parce que l'opinion publique est de leur côté, a déclaré Neil Newhouse, un sondeur républicain chevronné.
L'idée de restreindre les athlètes transgenres résonne avec les parents d'athlètes de lycée, motive la base républicaine, et porte les électeurs swing par 2 contre 1, a déclaré Newhouse.
Dans cette photo d'archives du 25 mars 2014, la représentante Vicky Hartzler, R-Mo, à gauche, parle aux journalistes au Capitole à Washington. Hartzler, qui se présente au Sénat des États-Unis dans le Missouri, diffuse une publicité télévisée qui fait référence à une athlète transgenre de la NCAA - la nageuse Lia Thomas de l'Université de Pennsylvanie qui a remporté le championnat d'Ivy - et attaque la pratique consistant à laisser les athlètes transgenres concourir contre des athlètes de leur sexe d'adoption.
Lors d'une primaire, un candidat républicain peut s'en servir pour établir ses références conservatrices et être le premier ou le plus fort à s'approprier la question, a expliqué M. Newhouse. Il peut également l'utiliser pour pousser un rival vers la gauche, a-t-il ajouté.
Interrogée sur la publicité, qui ne mentionne pas le sport, la campagne de M. Oz - qui utilise une terminologie inexacte pour décrire les femmes transgenres - s'est contentée de dire que le célèbre chirurgien ne croit pas que les mâles biologiques devraient participer aux sports féminins."
Les efforts visant à faire du foin politique des transgenres et des autres personnes LGBTQ vont bien au-delà des simples publicités de campagne.
Au moins dix États ont interdit aux athlètes transgenres de participer à des sports d'une manière qui corresponde à leur identité de genre.
L'Indiana est sur le point de devenir le onzième, bien que les tribunaux fédéraux aient bloqué les lois en Idaho et en Virginie occidentale. Et puis il y a les États qui interdisent ou étudient les traitements de confirmation du genre, comme le Texas.
L'idée que les personnes transgenres constituent une menace est très proche de l'interdiction de l'utilisation des toilettes et du mariage homosexuel et remonte à la campagne "Save Our Children" d'Anita Bryant en 1977, a déclaré Andrew Proctor, professeur agrégé de politique à l'université Wake Forest, qui étudie et enseigne la politique LGBTQ.
Le cadre politique est souvent axé sur la protection des filles, ce qui est probablement conçu pour élargir son attrait, a déclaré M. Proctor et d'autres.
C'est un bon message. Qui ne veut pas protéger les enfants ?" a déclaré Don Haider-Markel, professeur de sciences politiques à l'Université du Kansas.
Bien que les exemples comme celui de Lia Thomas soient peu nombreux dans le pays, Mme Hartzler - qui cite son expérience en tant qu'athlète et entraîneur au lycée - a déclaré dans une interview que la question des athlètes transgenres méritait une publicité dans une course au Sénat parce qu'elle est une représentation de l'injustice qui nous est infligée de toutes parts et qui a dépassé le bon sens".
Un porte-parole de l'athlétisme de l'Université de Pennsylvanie a déclaré que Thomas ne ferait aucun commentaire sur la publicité.
La NCAA a adopté en janvier une approche sport par sport pour que les athlètes transgenres documentent leurs niveaux de testostérone avant les sélections du championnat. Pour les sports de lycée, les États ont un méli-mélo de politiques.
En Pennsylvanie, la publicité télévisée du super PAC soutenant le républicain David McCormick tente de caractériser Oz comme un "Republican in Name Only", ou pas assez conservateur.