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Couleur de la vie
16 janvier 2020

Dehors May

Theresa May navigue toujours en eaux troubles. À onze jours de la date officielle du Brexit, la Première ministre britannique hésite à soumettre une nouvelle fois l’accord de retrait au vote de la Chambre des communes après avoir essuyé deux revers cinglants (recalé le 15 janvier, par 432 voix contre 202, puis le 12 mars, par 391 voix contre 242.). Pour inverser la tendance (Theresa May a besoin des voix de 75 parlementaires supplémentaires pour l’emporter) et éviter une nouvelle humiliation, la dirigeante conservatrice a pourtant pensé une stratégie audacieuse. En faisant adopter jeudi une motion prévoyant un report du Brexit au 30 juin à condition qu’une majorité de députés valident son accord lors d’un troisième vote, elle a tenté de mettre les élus Brexiters au pied du mur, n’hésitant pas à faire du chantage. Stratégie de la peur Si elle essuyait un nouvel échec au Parlement lors de ce troisième scrutin initialement prévu mardi ou mercredi, juste avant le Sommet européen de jeudi, le Royaume-Uni pourrait "ne pas quitter l'UE pendant des mois, si ce n'est jamais", a-t-elle menacé, jouant la stratégie de la peur au moment où le camp pro-Brexit se demande si son vote se concrétisera un jour. La Première ministre a aussi averti qu'un long report du Brexit forcerait le pays à organiser des élections européennes fin mai, ce qui semble inconcevable pour les Brexiters. "L'idée que les Britanniques se rendent aux urnes pour élire des députés européens trois ans après avoir voté pour quitter l'UE est à peine supportable. Il ne saurait y avoir de symbole plus fort de l'échec politique collectif du Parlement", a écrit la cheffe du gouvernement dans une tribune au Sunday Telegraph. Le vote maintenu si la victoire est assurée Malgré ces multiples tentatives pour convaincre les eurosceptiques purs et durs de son parti et les députés du DUP, son allié au Parlement, le coup de poker de Theresa May pourrait être avorté. Car si des tractations sont en cours à Londres, rien ne laisse supposer pour l’heure que la cheffe du gouvernement parviendra à rallier suffisamment de députés. Il n'est "pas certain" qu'un vote sera organisé en début de semaine comme prévu, a déclaré sur la BBC le ministre des Finances Philip Hammond. "Nous ne présenterons de nouveau l'accord que si nous sommes sûrs qu'un nombre suffisant de nos collègues et du DUP (parti unioniste nord-irlandais) sont prêts à le soutenir afin qu'il passe au Parlement", a-t-il ajouté. Le ministre chargé du Commerce international Liam Fox a renchéri sur Sky news, soulignant qu'il "serait difficile de justifier d'organiser un vote si on est sûrs de le perdre". Une stratégie qui commence à porter ses fruits Ce lundi, le gouvernement britannique redoublait d’efforts pour faire pencher la balance de son côté. "Il faut qu’on soit sûrs de notre capacité à convaincre un nombre suffisant de parlementaires de le voter. C’est pourquoi nous travaillons d’arrache-pied avec nos collègues, avec le DUP, avec tous les différents groupes du Parti conservateur", a indiqué le ministre britannique des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, ajoutant voir des "signes encourageants" dans les déclarations de plusieurs conservateurs s’étant dits prêts à changer d’avis sur le texte. C’est notamment le cas d’Esther McVey qui avait démissionné en novembre de son poste de ministre du Travail. Bien que cela reste un "mauvais accord", "le choix qui se présente à nous, c'est cet accord ou pas de Brexit du tout", a-t-elle justifié dimanche à Sky news. Comme elle, un "nombre important" de députés ont changé leur fusil d'épaule car les alternatives à l'accord négocié par Theresa May leur semblaient "trop désagréables", a assuré Philip Hammond. Cependant, il "reste du travail". Les réactions du DUP et de l'ERG scrutées Si une poignée de députés a changé de camp, la partie semble toutefois encore loin d'être gagnée. Tous les regards sont désormais tournés vers le DUP et l'ERG, alliance de députés pro-Brexit, qui pourraient faire basculer le vote de nombreux eurosceptiques. Ceux-ci s'opposent notamment au "filet de sécurité", une disposition de l'accord censée éviter le retour d'une frontière physique entre la République d'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord et qui prévoit que le Royaume-Uni demeure dans un "territoire douanier unique" avec l'UE. Les pro-Brexit craignent que cela arrime leur pays indéfiniment à l'UE et les unionistes refusent le statut particulier qui serait conféré à l'Irlande du Nord. "J'attends de voir ce que va faire le DUP", a déclaré le député conservateur Jacob Rees-Mogg, président de l'ERG, sur la radio LBC. "Franchement, je n'ai pas encore pris ma décision", a-t-il insisté. "Il y a une hiérarchie. Un ‘no deal’ (sortie sans accord, ndlr) est mieux que l'accord de Mme May, mais l'accord de Mme May est mieux que de ne pas quitter" l'UE). Les travaillistes favorables à un référendum sur l'accord Jugeant "ridicule" un troisième essai de Theresa May, le leader du Labour, principal parti d'opposition, Jeremy Corbyn, a de son côté prévenu que les travaillistes pourraient tenter de nouveau de renverser le gouvernement. Si le gouvernement présente de nouveau l'accord de retrait aux députés, "je soupçonne qu'ils seront de nouveau battus", a déclaré sur Sky news Jeremy Corbyn. "Je pense qu'à ce stade une motion de défiance sera justifiée", a-t-il ajouté. Jeremy Corbyn discute par ailleurs avec des députés d'autres partis pour trouver une alternative sur le Brexit. Il a indiqué que son parti pourrait soutenir un amendement déposé par les députés Peter Kyle et Phil Wilson qui validerait l'accord de retrait à condition qu'il soit soumis à un référendum. Boris Johnson, l'ancien ministre des Affaires étrangères et champion des Brexiters, a de son côté estimé que le gouvernement devrait tenter d'obtenir de nouvelles concessions de Bruxelles avant de soumettre à nouveau le traité au Parlement. "Il y a un sommet européen cette semaine. Il n'est pas trop tard pour apporter de véritables changements (...). Il serait absurde de tenir le vote avant même que cela n'ait été tenté", a-t-il écrit dans sa tribune hebdomadaire dans le quotidien The Daily Telegraph.

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  • La couleur de la vie est ce qui permet à chacun de s'identifier, comme heureux, triste, combatif, permissif, attentiste... Pour moi, tous ces sentiments sont autant d'expériences que j'aime partager.
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